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Société

Amnesty International

« La prison de Tsiafahy est l’enfer »

jeudi 15 février 2018 | Ny Aina Rahaga

Dans une déclaration publique en date du 12 février dernier, Amnesty International a décidé de parler de la prison de Tsiafahy. Une déclaration intitulé « surpopulation à la prison de Tsiafahy : prévenus et condamnés vivent « en enfer » ». Cette communication fait suite à une visite effectuée par des représentants de l’organisme au mois d’août de l’année 2017. Amnesty International dénonce dès la première phrase du communiqué en interpellant les tenants du pouvoir. « Les autorités malgaches doivent cesser immédiatement d’envoyer des détenus en détention provisoire à la prison de haute sécurité de Tsiafahy, décongestionner cet établissement et améliorer nettement les conditions de détention », peut-on lire.

Selon le constat d’Amnesty International, à la prison de Tsiafahy se trouvaient 988 détenus en octobre de l’année dernière, ce qui fait trois fois plus que la capacité d’accueil de cet établissement. Amnesty International fait également le point sur les conditions de détentions des prisonniers. « Les prisonniers sont enfermés dans des cellules sombres, accueillant chacune plus de 200 détenus, alors que la capacité est fixée à 70. Deux plateformes de béton dans chaque cellule servent de lits, où les prisonniers dorment entassés, sans couverture ni ventilation. Les cellules font 12 mètres de long, sur cinq de large et cinq de haut, (…) » Les prisonniers interrogés par Amnesty International ont déclaré que « la surpopulation et le manque de ventilation ont des conséquences dramatiques pour leur santé. La nuit, ils peuvent à peine respirer, leur cellule est surpeuplée et doivent dormir sur le côté du fait du manque de place ». Des conditions de détentions qui vont totalement à l’encontre des normes internationales en la matière. Mais pire encore, les conditions de détention sont totalement à l’encontre de la Constitution et de la législation malgache. « Les conditions à la prison de Tsiafahy sont totalement inacceptables et constituent des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, absolument prohibés par le droit international. Elles bafouent également la Constitution et les lois malgaches, et particulièrement le Décret 2006-015, qui prévoit que Tsiafahy ne devrait accueillir que des prisonniers condamnés, purgeant des peines de réclusion à perpétuité ou considérés comme dangereux », peut-on lire en lettre gras dans le communiqué d’Amnesty International. Dans la pratique, les normes sanitaires ainsi que les besoins vitales des détenus sont loin d’être respectés. Une seule toilette qui ne fonctionne pas pour 200 détenus, un accès à la nourriture extrêmement limité, l’absence d’eau potable et d’électricité, tels sont les exemples cités par Amnesty International.

A qui la faute ?

Pour Amnesty International, le blâme revient en premier aux autorités et au gouvernement en place qui ne peut se délester de cette responsabilité. « Il incombe au gouvernement de protéger la vie, le bien-être et les droits humains de tous les prisonniers et de veiller à ce que les conditions carcérales respectent les normes internationales relatives aux droits humains. Or, les conditions de détention dans la prison de haute sécurité du pays violent les dispositions légales internationales prohibant les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, que Madagascar est tenu de respecter, notamment en tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », peut-on lire sur la question de la responsabilité du gouvernement. En réponse à cela, il a été reconnu que la prison de Tsiafahy n’est pas gérée correctement.

Cependant, Amnesty International rapporte les propos du président du tribunal d’Antananarivo qui avait alors déclaré que « la difficulté, c’est qu’à Madagascar, nous sommes victimes de l’insécurité. Tsiafahy étant le seul établissement d’où il est difficile de s’évader, c’est là que les détenus sont envoyés ». Ce qui est le cas de le dire avec les dernières évasions notamment d’Antanimora, d’Ambatondrazaka sans oublier celle d’Houcine Arfa. Pourtant, mis à part les conditions de détentions qui font de Tsiafahy un enfer, Amnesty International relève également le fait que les détenus ne disposent pas de recours effectif. « Autre lacune majeure à Tsiafahy, les prévenus et les prisonniers condamnés ne disposent pas de recours effectif pour contester leur placement initial dans cette prison de haute sécurité et il leur est difficile, une fois à l’intérieur, d’obtenir leur transfert vers un établissement au régime moins sévère ». Le fait est qu’en 2002, Amnesty International avait déjà fait part de ses préoccupations et plus de 15 ans après, la situation semble pourtant s’être empirée.

10 commentaires

Vos commentaires

  • 15 février 2018 à 10:12 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Assalaamo alaikoum

    Tsiafahy est l’arme fatale de tous les régimes qui se sont succédés pour terroriser leurs opposants éventuels et ce n’est pas pour rien qu’une personne que j’ai oublié le nom a fait la proposition suivante :
    - Les magistrats doivent faire un séjour carcéral dans nos prisons lors de leur cursus de formation avant de prendre leurs postes pour qu’ils réfléchissent à 7fois avant d’envoyer une personne là-bas. Et pourquoi pas les prétendants au poste du ministre de la justice en particulier et des membres du gouvernement en général voire tous ceux ce qui postulent à la magistrature suprême.

    • 15 février 2018 à 15:55 | Mihaino (#1437) répond à plus qu'hier et moins que demain

      Bonne proposition ! Une semaine de séjour carcéral à titre d’expérimentation dans les conditions actuelles suffit pour tous les Responsables précédents , actuels , futurs , pourquoi pas ??!!

  • 15 février 2018 à 12:06 | ALIBABA SANS LES 40 (#10090)

    Tsiafahy est la honte de la caste dirigeante Malagasy !
    En effet quand on se dit chrétien et pratiquant et montrant chaque dimanche de façon ostentatoire sa piété dans les lieux de cultes ,on ne peut permettre ce genre d’endroit de mort.
    Comme d’habitude il y a le« faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais ».
    HYPOCRISIE à tous les étages ces gens là en connaissent toute la gamme encadré de vilenie et de barbarie qui plongent leurs racinez dans le paganisme le plus éhonté .
    Ces églises ,ces temples sont dirigées par le diable et ceux qui les fréquentent sont des suppôts de satan .
    Ceux qui se trompent seront sauvés les autres brûleront dans les flammes de l’enfer .
    C’est ainsi que l’on comprend la malédiction qui touche ce pays !

    Au passage une prison européenne ,même surpeuplée ,est un hôtel deux étoiles a coté de Tsiafy

  • 15 février 2018 à 12:19 | ratiarivelo (#131)

    Na ny eny Ambanin’Antsinana , na Tsiafahy sy IREO rehetra tranon-GADRA manerana ny NOSY nolovaina t@ny Fanjanatany****dia mitovy tsy misy hafa @ny TSIAFAHY***mieux vaut ETRE EMPRISONNE chez ERDOGAN en TURQUIE ok !! sa ahoana Leroa !! samy tsara .

  • 15 février 2018 à 13:43 | Vohitra (#7654)

    Sous le régime Ravalomanana, son excellence monsieur le ministre Ratsiraka Roland avait été enfermé dans le prison d’ Ambalatavoahangy, il se plaignait dès sa sortie que ses pieds avaient été rongé par des rats la nuit tombée.

    Là maintenant il est au pouvoir, de façon durable apparemment, il aurait dû user de ses prérogatives pour influencer ses collègues du gouvernement à améliorer les conditions carcérales dans le pays, et tant qu’il est encore temps, car on ne sait jamais ce que demain pourra révéler de surprise...qui n’est pas forcément agréable pour tous...

    • 15 février 2018 à 16:52 | vatomena (#8391) répond à Vohitra

      Ils sont persuadés de leur impunité . Et pourtant ,un jour béni du peuple ,ils peuvent se retrouver à Tsiafahy . Par prudence ,ils devraient améliorer les conditions de détention ...dans leur propre interet ..

  • 15 février 2018 à 17:40 | Jipo (#4988)

    L ’ enfer au paradis enfin retrouvé : comment est-ce possible ?
    Il n’ y en a pas un pour envisager d’ en construire une autre ?
    Le ministre de l’ injustice devrait y etre séquestré quelques jours, comme stage en entreprise obligatoire avant toute prise de fonction, et les dépités : idem !

  • 15 février 2018 à 19:00 | kartell (#8302)

    Il est essentiel qu’Amnesty International mette les pieds dans le plat en dénonçant l’enfer carcéral d’un état qui emprisonne les plus pauvres et les plus humbles !….
    Tandis que nos potentats fréquentent avec une grande assiduité, églises et temples en étant plus royalistes que Dieu, afin d’alléger leurs mauvaises consciences, obèses !…..
    Délicat pour un pouvoir, quel qu’il soit, de voir s’étaler à la une de l’opinion internationale, un manquement majeur à la dignité humaine ravalée à celle de sous-hommes qu’il faut humilier et punir tandis que d’autres, bien plus coupables, flirtent avec les arcanes dorés du pouvoir !….
    C’est plutôt un constat d’impuissance qui est mis à jour en soulignant le droit divin du fait du prince qui condamne et fait emprisonner qui bon lui semble ou celui qui ose lui être ingrat (Arfa) !….
    La situation ne risque pas de s’améliorer car à chaque fois, l’excuse est imparable : « tsy misy vola » et on passera à autre chose, laissant ces pauvres hères à leurs tristes destins, celui qu’un état vénal, par excellence, impose, arbitrairement !….

  • 16 février 2018 à 09:00 | Stomato (#3476)

    Quand je lis des rapports de doctes associations sur des sujet comme celui-ci, je me demande si les locataires de prisons n’ont pas tout fait pour mériter ce séjour.
    Je ne parle pas de ceux qui sont en détention provisoire (chose qui semble ne pas exister à Madagascar !!!) mais de ceux qui ont été jugés en respectant les lois en vigueur.
    Amnesty International semble ignorer que parfois celles et ceux qui croupissent dans des prisons jugées qui leur semblent être un enfer, ont parfois été les acteurs de crimes commis dans des circonstances atroces. Doit-on, peut-on traiter en Hommes des individus qui ont traité leur(s) victime(s) comme s’il ne s’agissait pas de personnes humaines ?
    Tout en rejetant la loi du Talion comment mettre dans des prisons « dorées » des individus qui n’ont eu aucun respect de la nature humaine ? C’est se moquer des victimes et de leurs parents...
    Autant il est sain que des organismes fassent des enquêtes de « surveillance » autant il est utile de prendre en compte des critères propres aux pays où ont lieu ces enquêtes.
    Ce qui est bien pour Paul est souvent mauvais pour Jacques.

  • 16 février 2018 à 10:40 | lysnorine (#9752)

    « Fanavahana » sy « fibaikoana »

    « Amnistie Internationale : Namoaka fanambarana noho i Houcine Arfa »
    15/02/2018
    http://triatra.info/amnistie-internationale-namoaka-fanambarana-noho-i-houcine-arfa/

    « Voalaza tao anatin’ ny fanambarana an-gazety navoakan’ ny Amnesty International, ny faha- 12 ny volana feboary 2018 teo fa tsy manaja ny zon’olombelona ny fonjaben’ i Tsiafahy, ary tsy manaja ihany koa ny fenitra tokony harahina amin’ny maha fonja azy. Araka ity fanambarana an-gazety ity ihany nandritra ny fitsidihana ny volana aogositra 2017, no nahitan’izy ireo ny tsy fahatomombanana. Ny MAHAGAGA dia voalaza fa taorian’ny fivoahan’ ilay gadra nandositra, ary taorian’ny fivoahan’ny fitarainany an-gazety no antony namoahan’ ny Amnistie Internationale, ny tatitra izay hitan’ izy ireo ny volana Aogositra 2017. Midika ve izany fa tsy nampaninona ny Amnesty International ireo malagasy izay tazonina ao amin’ io fonjaben’i Tsiafahy io. Raha miaina ao anatin’ ny tsy fanjarizariana. Fa kosa ny tatitra izay nataon’ i Houcine Arfa izay gadra nandositra no NANAITRA AZY SATRIA TERATANY VAHINY. Tsapa amin’ izao ny fisian’ny FANAVAHANA eo amin’ny lafin’ny zon’olombelona amin’ ny teratany vahiny sy malagasy, satria dia vantany nahita ny tsy fahalavorariana ity ny Amnistie Internationale, avy hatrany dia tokony namoaka ny tatitra satria ny aina dia iraisana sy hitoviana.[...]

    « Ny sehatra iraisam-pirenena tahaka ny Amnistie Internationale itony dia tsy natao velively ihany koa ny HANOME BAIKO firenena iray, nefa raha ny tazana ao anatin’ ny tatitra izay nalefan’ izy ireo, dia tsy misy afa-tsy ny FIBAIKOANA. Ohatra amin’ izany izao ny filazana fa “tokony handraisana fepetra haingana ny zava-mitranga ao amin’ ny fonjan’i Tsiafahy io”, ny Amnistie Internationale manao ny fanambarana eto, izay tsy mahalala akory ny fahefan’ilay firenena amin’ny fanatanterahana ny asa sy ny vola am-pelatanany. »

    Iratra Raitra

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