Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mardi 2 décembre 2025
Antananarivo | 10h30
 

Société

Justice

L’Etat lance une offensive judiciaire contre Andry Rajoelina

mardi 2 décembre | Mandimbisoa R. |  400 visites  | 4 commentaires 

La nouvelle ministre de la Justice, Fanirisoa Ernaivo, a annoncé lundi 1er décembre sur RFI que des poursuites judiciaires visant l’ancien président Andry Rajoelina seraient engagées avant la fin de l’année. Une déclaration qui marque une étape de plus dans la stratégie du régime transitoire, déterminé à poursuivre les anciens barons de l’ancien régime.

Exfiltré le 12 octobre dernier avec l’appui de la France, Andry Rajoelina a quitté Madagascar en pleine insurrection populaire. Depuis, son entourage laissait entendre qu’il s’était établi à Dubaï. Or, selon plusieurs sources concordantes, l’ancien chef de l’État ne se trouverait plus dans l’émirat. Une information qui renforce l’idée d’une situation mouvante et d’un homme désormais difficile à localiser. Pour les nouvelles autorités, cela rend d’autant plus urgente la sécurisation du volet judiciaire avant toute éventuelle dispersion des traces financières.

« Nous sommes submergées », reconnaît Fanirisoa Ernaivo, évoquant l’accumulation de dossiers restés en sommeil sous l’ancien régime. Les enquêtes touchent des secteurs clés et sensibles. La Jirama, au cœur du mécontentement social à cause des pénuries d’eau et d’électricité, fait l’objet d’un audit. La ministre se garde d’accuser sans éléments définitifs, mais confirme que des soupçons de « détournements et de mauvaise gouvernance » pèsent sur des contrats et des circuits de décision. Des opérateurs économiques de premier plan, dont le milliardaire Mamy Ravatomanga, pourraient être mis en cause « directement ou indirectement » à l’issue de cette revue des engagements de l’État.

Autre dossier explosif : la filière du litchi. Les enquêteurs du Bianco s’intéressent à la société LTC, basée à Maurice, soupçonnée d’avoir servi d’écran à une vaste évasion fiscale. Le mécanisme décrit par la ministre aurait permis de capter la majeure partie des bénéfices à l’étranger, privant l’État malgache de devises et de recettes fiscales substantielles. Le dossier est désormais instruit en coopération avec le parquet national financier français et les autorités mauriciennes, après une relance à Madagascar fin octobre.

La justice malgache relance aussi l’enquête sur l’immatriculation de cinq Boeing 777 livrés clandestinement à la compagnie iranienne Mahan Air, malgré les sanctions américaines. Fanirisoa Ernaivo affirme que Mamy Ravatomanga aurait perçu plusieurs millions d’euros pour faciliter ces immatriculations provisoires, et que les investigations se poursuivent avec l’appui de Maurice et du FBI.

Dans ce climat d’offensive anticorruption, la ministre insiste sur la méthode : pas de mandat d’arrêt international sans procédure préalable. Mais le calendrier est clair. «  Y compris Andry Rajoelina », martèle-t-elle, en promettant une mise en cause rapide de tous les responsables présumés. En arrière-plan, le régime transitoire joue aussi sa crédibilité : prouver que le changement de pouvoir du 12 octobre ne se limite pas à une alternance politique, mais inaugure une rupture judiciaire attendue par une population exaspérée par l’impunité et les scandales à répétition.

-----

4 commentaires

Vos commentaires

  • 2 décembre à 09:35 | walesa (#5863)

    La punition doit être magistrale et exemplaire ! Travaux forcés à Nosy Lava au moins.Mais surtout la restitution de tous les avoir et biens, qu’il c’est accaparé illégalement pendant son parcours à la tête du pays !

    Répondre

  • 2 décembre à 10:12 | Jipo (#4988)

    Salama djaiby .
    ENFIN !
    Quelle célérité !!!
    Ce qui me chagrine c’est le temps qu’ a mis cette responsable pour enfin réagir ???
    Depuis qu’ on le demande et qui est la moindre des logiques (oui je sais ...) sans recourir à tous les subterfuges disponibles pour se justifier ...
    Si : il est DEJA difficile à « localiser » et attendre encore ( un peu Mr le bourreau) que le con-cernés dissémine tous les mal acquis jusqu’ à la fin de l’ année (en plus de lui en donner la date de péremption ! si ce n’ est pas une main tendue mon Dieu que ça y ressemble !)
    On ne peut décemment inculper son complice sans incriminer son comparse/larron qui a permis , cautionné toutes ces malversations pour ne pas dire escroqueries au détriment du Pays ...
    Quel que soit l’ endroit ou se trouve le 6e dan (qui n’ a rien à se reprocher) le simple fait d’ un mandat d’ arret international l’ empêcherait de sortir de sa planque car oui il est bien planqué et certainement avec les précieux conseils et complicité de celui qui l’ a exfiltré ...
    Sachant cela tous les Pays ne pourront légitimement l’ accueillir, quant à croire qu’ il serait toujours à Dubaï me parait improbable pour la simple raison du cout de la vie même s’ il a détourné assez d’ argent pour y vivre confortablement ?
    Le seul endroit ou il ne « risque rien » (pour ne pas dire est protégé) est la France .
    Aussi une coopération avec le fisc Français ne peut que bénéficier à la France et doute fort qu’ elle puisse bénéficier au Pays ?
    Si ses avoirs injustifiés sont confisqués par la France, ce sera toujours ça de « rendu », restera ensuite les négociations de restitutions selon la bien veillante volonté du fisc Français et au regard de l’ Etat de ses finances, je ne peux qu’ avoir de sérieux doutes sur la moindre restitution , en plus de se soumettre au bon vouloir de la situation de juge et partie ou se retrouve l’ Etat Français ...
    Coopérer avec ce dernier relève soit d’ une certaine naïveté, soit clémence complice totalement partiale de quoi s’ interroger si la réelle sincérité et volonté de la ministre , lui laissant encore du temps en plus de le prévenir ???
    Il est évident que cela n’ engage que l’ esprit d’ un détraqué conspirationniste ...

    Répondre

    • 2 décembre à 10:16 | Jipo (#4988) répond à Jipo

      s’ interroger sur et non si ...

  • 2 décembre à 10:29 | Jipo (#4988)

    « Pour les nouvelles autorités, cela rend d’autant plus urgente la sécurisation du volet judiciaire avant toute éventuelle dispersion des traces financières. »
    Mais c’ est bien sur ! avec comme excuse en plâtre : « nous sommes submergés » ...
    un « submergé » bien sélectif ou une idée mal placée ?
    Sans parler de la photo des 2 rapetous pour ne pas dire dictateurs /escrocs, bien dissimulés comme tous acteurs des juntes militaires derrières leurs lunettes noires, témoignant d’ un respect et franchise à faire manger du foin un âne qui recule .

    Répondre

Réagir à l'article

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, merci de vous connecter avec l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.