La tension monte et il semble que c’est l’escalade qui est enclenchée. D’un côté comme de l’autre, les propos laissent perplexe. Le président Ravalomanana se veut légaliste et se déclare prêt à dialoguer, à discuter, tout en manifestant une certaine arrogance paternaliste. Le maire Andry Rajoelina, de son côté, exprime une détermination téméraire et son discours est proche du populisme, pour ne pas dire plus.
Une personne ressource à laquelle le président a fait appel lors de la rencontre sur la loi sur les partis estime que l’enjeu est clairement le pouvoir et non autre chose comme le maire de la capitale l’a laissé entendre au début de ce mouvement. La personne ressource déplore que le cheminement pris par le cours des événements risque fort de revenir aux événements de 2002 et c’est dommage, dit-il, car le pays n’avancera plus à ce rythme. Il note que si le cycle fatal de descente dans la rue est d’habitude de dix ans, il est en train de se réduire à sept ans.
Il faut en effet admettre que le mouvement qui était et se voulait pacifique est en train de prendre une tournure de confrontation directe. Le caractère politique du mouvement de revendication et de contestation n’a pu être écarté comme le maire le voulait. Les forces politiques sont en train de prendre le dessus. Depuis jeudi dernier, les appels à la démission du gouvernement et au départ du président de la République ont été rendu publics. En bref, l’objectif est de renverser le régime.
« Vers une confrontation entre légalité et légitimité ? »
Mais le problème est qu’en face, le président Ravalomanana et le gouvernement demeurent intransigeants, en dépit d’une certaine panique, car ils se trouvent apparemment dans la légalité. Une autre personne ressource lors de la rencontre d’Iavoloha sur la loi sur les partis fait la remarque suivante : « doit-on s’attendre à une confrontation entre la légitimité et la légalité ? A quoi tout cela rime-t-il pour le peuple, pour sa vie quotidienne et pour la nation ? ». Car, a laissé entendre notre homme, ce peuple là n’était jamais sorti enrichi des mouvements auxquels il a été appelé à étoffer et à soutenir.
Pour nos interlocuteurs, le problème peut être réduit à un problème d’espace démocratique et économique qui fait défaut Le pouvoir refuse au peuple un espace de libre expression et pendant ce temps, l’espace de liberté économique est difficile d’accès, pour ne pas dire limité. Mais ils n’épargnent pas l’autre camp et les opposants qui ont boycotté la rencontre sur la loi sur les partis. Si nous avons bien compris, le refus des opposants semble signifier que nos politiciens ne veulent pas formaliser l’alternance démocratique par les institutions mais s’attachent à l’accès au pouvoir par la rue. En tout cas, ces politiciens de la rue et ces opposants, a-t-on compris, vont ce jour enlever leur masque et monter sur les grands chevaux de bataille de la vengeance car ils ont été écartés du pouvoir par le tombeur de Didier Ratsiraka. Et le peuple n’y verra que du feu.
Recueilli par Raw