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samedi 14 juin 2025
Antananarivo | 00h05
 

Editorial

Madagasikara … espérer faire Nation

mercredi 16 avril | Lalatiana Pitchboule |  1828 visites  | 20 commentaires 

De retour d’un (trop bref) voyage au pays … Retrouvé cette vibration harmonique que je ne ressens que là-bas … Retrouvé cette tendresse infinie pour le pays et pour les gens .… Vu le « Nampoina » de Raymond Ranjeva… Et éveillé des questionnements…

Il y a des pays et des histoires qui, on en a l’impression, se dessinent comme des lignes droites : une antiquité, une féodalité, une monarchie, une révolution, une république, et puis la suite… Il est des nations qui racontent leur histoire avec assurance … Il est des histoires qu’on lit comme des fables, ou comme des contes avec des héros et des héroïnes, histoires répétées mille fois … Et puis il y a Madagascar… Oui, nous avons eu des rois et des reines … Oui nous avons eu des héros … Et peu de méchants narrés dans notre histoire… Mais quelle en est réellement leur trace ?

Madagasikara ne se laisse pas enfermer dans une ligne historique. C’est une peinture, comme une spirale … Une île palimpseste [1] dont chaque époque recouvre l’autre sans jamais l’effacer. Chaque règne, chaque régime, chaque république est un coup de pinceau sur une fresque ancienne qu’on devine encore en dessous … Mais dont on a du mal à percevoir globalement le sens.

C’est un pays dont la mémoire travaille en sous-main et où tout demeure. Les ancêtres, qu’on exhume pour mieux les honorer… Les blessures et les humiliations, qu’on tait mais qu’on transmet en silence… Les hiérarchies anciennes, qu’on croit abolies mais qui ressurgissent dans les alliances, dans les collusions, dans les rapports à l’autre… Et dans les rapports aux madinika en particulier… Et dans les silences lourds lors des réunions de famille.

Le vrai chantier de Madagascar n’est pas que matériel : il est certainement plus symbolique, plus social et plus intime que matériel. Il ne s’agit pas que de construire des routes ou d’attirer les investisseurs. Il s’agit de construire un “nous”, non pas de manière incantatoire ou, pire, un “nous” de discours d’investiture, mais un “nous” enraciné construit sur la reconnaissance des différences et des douleurs.

Ce “nous” est aujourd’hui largement vacillant, fragilisé par des tensions anciennes ravivées à chaque crise, à chaque élection… tensions structurelles qui, tant qu’on ne les regardera pas en face, cantonneront le rêve national à un mirage dans la vibration de chaleur du désert de l’Ihorombe.

Il faut dire les choses. Madagascar est une société (bien trop) profondément hiérarchisée. Et ces hiérarchies n’ont pas disparu avec la République. Elles ont changé de costume, de langage, de posture, mais elles sont là. Dans la manière dont on nomme ou dont on ne nomme pas. Elles sont là dans qui a le droit d’épouser qui. Dans qui détient la terre, qui détient le pouvoir, qui détient la parole.

Les vieilles fractures sont encore vives … Ces fractures qu’on ne doit surtout pas évoquer sous peine de passer pour un… révisionniste ? De celles qu’on ne veut pas dire entre les hauts plateaux et les côtes, avec des ressentiments qui remontent aux guerres de conquête entre les royaumes ou qui remontent même avant… mais que la colonisation puis les républiques successives ont maladroitement renforcées… Entre les descendants d’anciens esclaves et les familles nobles ou roturières … Et dans des territoires villages où l’on se connaît trop bien pour que le passé soit tout à fait passé … Entre les régions valorisées et les régions reléguées … Entre les voix qui portent et celles qu’on oublie toujours d’écouter.

On veut faire nation sans faire mémoire. Et certains osent parler d’unité sans oser parler d’injustice.

Une nation ne se bâtit pas dans l’oubli. Elle se bâtit dans la reconnaissance de son identité, de son histoire, de ses difficultés, de ses dissensions, de ses conflits …

On ne peut pas comprendre Madagascar sans écouter ses silences. Ceux des femmes et des hommes qui portent une économie informelle qu’on ne sait sortir de la pauvreté … Ceux des jeunes qui créent malgré tout… Ceux des artistes qui chantent une révolte… Ceux des paysans qui endurent les aléas climatiques mais refusent de partir.

On ne peut pas comprendre la Grande Ile si on n’écoute pas ce qu’elle n’a jamais cessé de murmurer : qu’il faut du temps pour accorder des voix dissonantes… Qu’on ne guérit pas les blessures avec des institutions manara penitra plaquées ou des symboles copiés… Qu’on ne décrète pas une nation sur la base d’une constitution plagiée ou de discours lénifiants sur la puissance de notre culture et de nos traditions.

Il faut sentir notre Grande Ile… La faire vivre… L’accepter dans sa complexité… Avec ses déséquilibres et sa résilience que l’on lit parfois en résignation… Il faut ici peut-être commencer par dire les choses. Nommer les fractures et regarder notre histoire en face.

Parler de l’esclavage. De celui que nous avons pratiqué et subi. Parler du mépris social hérité. Parler des ces hiérarchies de peau, de ces hiérarchies de noms, de ces hiérarchies d’origine qui sont celles qui nous font certainement le plus mal dans les non-dits mais tellement vécus.

Mettre fin à ces non-dits qui empêchent le vivre-ensemble…Ouvrir des espaces de parole, de mémoire, de création… Refonder l’éducation pour qu’elle soit aussi une école de la reconnaissance. Valoriser toutes les langues, toutes les cultures, tous les visages du pays.

Et dans cette démarche, ne pas avoir peur d’inventer. Le génie malgache a su créer du neuf avec du vieux. De la grandeur avec du peu. Tout est là, disponible en termes de matière première pour un projet de société enraciné.

Madagascar peut s’avérer être une grande nation. Pas nécessairement au sens des puissances militaires ni au sens des classement économiques et des indicateurs courants des grands argentiers. Mais au sens profond d’une communauté qui choisit de se reconnaître, de se respecter, de se rêver ensemble.

Ce pays n’est pas un désert peuplé de nomades errants. C’est un champ de possibles qu’il faut oser labourer. Où il faut oser dire que tout n’est pas bon dans la tradition, que tout n’est pas fiable dans la modernité, que tout n’est pas figé dans les identités.

Il faut une parole politique qui ne divise pas mais qui répare… Une parole qui parle plus au cœur qu’à la raison, parce que sans cœur aucune idée de nation ne peut tenir debout… Il faut une parole lucide, mais bienveillante .. Une parole ferme qui puisse rassurer, réveiller, entrainer, proposer un devenir et une vision… Une parole qui puisse enseigner que Madagasikara est un puzzle qui demande qu’on accepte chaque pièce, même celles qu’on a longtemps cachées sous le tapis.

Et peut-être qu’alors, au détour d’une fête, d’une réunion, d’un congrès, d’une messe, d’une manifestation, d’un concert sur une place, au hasard d’un slam, d’un débat dans une université, d’une visite dans une prison, d’un tournoi de football, le “nous” malgache apparaîtra. Un “nous” qui ne gommera pas les différences mais qui les accordera. Un “nous” à plusieurs voix. En une polyphonie comme nous savons les élaborer…

Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule)… 15 Avril 2025
Les chroniques de Ragidro

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Notes

[1Parchemin manuscrit sur lequel un nouveau texte a été écrit, après effacement du texte primitif.

20 commentaires

Vos commentaires

  • 16 avril à 11:02 | Vohitra (#7654)

    Miarahaba Lalatiana,

    Sady tretrika no somebiseby teo amin’ ny fandinihina ny lahatsoratra narosonao, ary manolotra ny fisaorana noho ny fandavantena lehibe ataonao manoloana ny zotrampiainana sy zotram-piarahamonina Malagasy ankehitriny.

    « Arivo tatatra, zato renirano, faran’ny rano Ikopa ihany »...

    « Arivo teny, zato kabary, faran’ny teny ifanatrehana »...

    Ireo ohabolana nentindrazana ireo, dia mifono hevi-dalina maneho ny fankasitrahana ny dinika ankitsirano sy akitsimpo, ny tafasiry hifanoloranteny, ary ny teny ifanakalozana natao ifampierana.

    Misy ny lasa fonosin’ny tantara, misy ny ratra nofehezin’ny fitoniana, misy ny alahelo nodinganin’ny fahanginana, ary misy ny tsiny niantsoana tody, ary misy ny tsy nambara natsinkafon’ny olana...ary nisy ny fihatsarambelatsihy nitondra lonilony...

    Izany rehetra izany tsy takona nafenina, tsy azo nodiana tsy hita, fiheverana tsy mety atao anjorombala !

    Fa ny Firenena mitoetra ihany, ny Hasintany tsy lefy, ary ny fombantany tsy ilaozana mihodina. Maratra ny Firenena ankehitriny, marary ny fiarahamonina Malagasy.

    Miseho misononoka ny fifandirana, manao tohivakana ny olana, mandry andriran’antsy ny fihavanana, mikorosy fahana ny fandriana fahalemana.

    Fa ahoana sy maninona ary ?

    • 16 avril à 11:28 | Vohitra (#7654) répond à Vohitra

      Samy iarahana manaiky fa harena ny faha samihafana, samy mino fa tsy fitoviana dia tsy mahafoana ny fomba manandanja misy iraisana, samy mahatsapa fa ny fototra iray dia misy sampana samy hafa hizorana.

      Fa ny zavamisy tsapa dia izao, eto Madagasikara dia raha vao misy « krizy » na disadisa « ara-politika », dia misy mihezaka milalao ny faha samihafana mba hoentina, na hiarovana tombontsoa manokana io, na hoentina hambolena fifankahalana io.

      Aleo ho tsorina eto ampamaranana ary Ilay tetidratsy hita misongadina tsy takona afenina :

      Satria ve hita miharihary fa nahavita heloka be vava toy ny fangoronana harena miavosa amin’ny tsy rariny sy tsy ara-dalana...

      Satria ve mety tsy ho voasarona amin’ny fampitahorana sesilany sy fanaovana herisetra ara-panjakana ny hadisoana amin’ ny fitantanana...

      Satria ve manomboka mitsipaka ny fisitrahana zompirenena vahiny isalorana nangatahana ny fiarahamonina, ka sahy manondro ankitsirano fa tsy tombontsoa iraisana intsony no katsahin’ny mpanapaka...

      Dia io fa volena amin’izay indray Ilay tetidratsy ikoloana savorovoro ka aroso ho olana ny faha samihafana ary ketrehina ny korontana mba hahafahana mampiseho ny herin’ny fahefampanjakana ?

      Tsy tarazo napetrak’i Gallieni ho lova ho an’ny faikamboanjo ve izany tiana mbola hanjaka izany ?

      Mirary soa Lalatiana

    • 17 avril à 16:07 | Ibalitakely (#9342) répond à Vohitra

      Be loatra ny « resa-be », fa t@ ireny hetsika fotsy 2023 ireny izay anisan’ny nodradradradraina tamin’izany ny hoe : TSY MILA VAZAHA ; TSY VOAVIDY VOLA ; DIOVY TSARA ALOHA NY TOKONTANY HILALAOVANA IZAY VAO MILALAO ; sns. Fa ny fanontaniana mipetraka dia hoe MBOLA AO VE ILAY VAZAHA & EFA MADIO VE NY TOKONTANY HILALAOVANA ... Te hanao aminy eo ka inona indray ny mbola mampimenomenona. Na ny président an"ny prezidà na iza na iza ho avy eo, efa fantatry ny olona rehetra any ivelany any ny zava-misy eto Madagasikara, ny marimarina kokoa izay mitranga eto Madagasikara amin’ny 10:00 ohatra dia amin’ny 10:01 efa miparitaka [nTIC] eran’izao tontolo izao. Tsy vitsy rahateo ny ambasady & masoivoho eto mahalala & mahita ny zava-misy rehetra hatramin’ny antsipirihiny.

    • 17 avril à 16:14 | Ibalitakely (#9342) répond à Vohitra

      Ka na ho tonga eto i Mano [izay misalasala hono ...] na i Donald na i Pouting na iza dia hoe mba te hiaona na hampiseo aminy ny toe-draraha eto Madagasikara, ho lany rora fotsiny eo pffftsssss...

  • 16 avril à 12:29 | Isambilo (#4541)

    Votre intention est honorable. Mais il faut commencer par la lecture de Flacourt sur l’origine de l’homme selon les Zafin-dRaminia pour savoir que nous avons hérité de l’hindouisme et c’est pour cela que sur le trois quart de l’île la société est organisée en castes (plutôt pseudo-castes parce que nous n’avons pas la même rigueur que les hindous).
    Il y a 2 types d’êtres humains à Dago : les olon-tsoa et les ondevo (olona levona = impurs) selon leurs vies antérieures.
    Le concept de nation a varié dans le temps et il n’existe pas à Dago. Notre unité repose sur une seule langue, qui est austronésienne. Cette langue est inséparable de la culture. Et dans les sociétés austronésiennes le concept de nation n’existe pas.
    Baré avait écrit que la société malgache est comme un « thème fugé. » Je n’ai pas trouvé meilleure définition pour nous décrire.
    Mais beaucoup a été oublié. La faute est d’abord celle des parents qui n’ont pas transmis leur histoire. La faute est tout autant la nôtre parce qu’on n’a pas essayé de savoir qui nous sommes. Avec internet, la documentation est énorme pour combler les lacunes.
    Qui connaît François Cauche ? Et pourtant c’est lui qui a créé le terme Malegache. Et c’était en 1640.

    • 16 avril à 13:00 | angel35 (#11212) répond à Isambilo

      Oui il y a clairement une influence de l’Inde hindouiste sur Madagascar , à une époque lointaine. Un autre exemple , extrêmement significatif, est la position cardinale de l’entrée dans une maison, et la position des emplacements ( cuisine, lits -chambres- ) dans la maison. Ceci vient du Sthapatya Veda , (du Sanskrit Sthapan qui signifie « établir ») qui est la science de l’architecture ( villes et surtout maisons ). Malheureusement, au cours du long passage du temps, la connaissance a été très altérée. Aujourd’hui les règles appliquée à Madagascar ne correspondent plus du tout aux règles du Sthapatya Veda, suivant lequel, par exemple, l’entrée des maisons doit être orientée plein Est (illumination, abondance, plénitude ) ou plein Nord - un peu moins bon - ( prospérité et bonheur : mêmes caractéristiques que l’entrée Est , sauf l’évolution spirituelle ).

    • 16 avril à 16:32 | bekily (#9403) répond à Isambilo

      * Une langue
      * Une religion( culte des ancetres) et culture identiques ou communes
      * Une ile comme territoire
      * une UNIFICATION POLITIQUE depuis 1896, UN BIENFAIT HISTORIQUE à l’insu de notre propre gré et que les Français n’imaginaient pas !!!

      . Comme LA GAULLE TERRITORIALEMENT UNIFIEE PAR CESAR
      . Comme L’ITALIE UNIFIÉE POLITIQUEMENT PAR GARIBALDI
      . Comme LA FRANCE POLITIQUEMENT UNIFIÉE par Louis XI

      Philosopher sur notre unification me semble superflu...
      Une Nation c’est vouloir (ou DEVOIR) vivre ensemble.
      La question ne se pose même pas à Madagascar :
       en FOZALAND EN PLUS NOUS GALERONS ENSEMBLE !!!!
      CE QUI FORGE ENCORE PLUS LE SENTIMENT NATIONAL !!!!!

      J’ai l’impression que bon nombre de bons Tananariviens sont très soucieux ...même en pointillé....de la « menace » de dissension tribale.

      Gallieni a lourdement joué sur le principe impérial classique de :
      « DIVISER POUR REGNER »

      Le vazaha CEDRIC joue la MÊME PARTITION en rêvant être un GALLIENI DEUXIEME DU NOM !

       une TERRE( une ILE PAR CHANCE) COMMUNE
       une LANGUE COMMUNE ( mêmes racines linguistiques austronesiennes et apport swahili)
       CULTE DES ANCETRES pratique sur 99% du territoire , avant la colonisation !
       une HISTOIRE PARTAGÉE ( de SOUFFRANCE COMMUNE SOUS LA COLONISATION)
       une CULTURE COMMUNE ( LE FAMADIANA ET LE FOKONOLONA SE RETROUVENT DANS TOUTES LES TRIBUS !).
      NB : L’EXHUMATION n’existe qu’à MADAGASCAR et A BORNEO !!!!!

      Elle n’existe pas en Afrique ...Ni le fokonolona en tant que cellule d’organisation sociétale...Ni le culte des ancêtres par TOUTES LES « TRIBUS »

      NOTRE UNIFICATION EST FAITE EN 1896
      Mais DERANGEANTE
      ET RENIEE PAR LE COLONISATEUR pour les besoins de sa MANIPULATION DESAGREGEANTE...des dites « tribus »

      On nous « bassinait » la tête de ce TERME TRIBU , comme un REPOUSSOIR DE TOUTE VELLÉITÉ NATIONALISTE .

      Cedric secoue un VIEUX DÉMON de RENY-MALALA PAR PURE MANIPULATION POLITIQUE DES DIFFÉRENCES TRIBALES..
      malgré sa situation iconoclaste de 75% de sang merina !
      La mère de Cedric n’était que métis betsileo ( et vozongo), son père etant 100% pur jus merina.

      Pourquoi au 21* siècle un Malgache devrait-il se situer par rapport a sa « tribu » ????
      Et pas un Français ???
      On ne sait grand chose de la TRIBU DE SON
      PRESIDENT MACRON !!!!

      INTERROGEONS NOUS SUR DES QUESTIONS PLUS EXISTENTIELES :
      EX :

       est il pertinent de SINGER A 100 % la constitution française ?

       en quoi est il pertinent à Madagascar D’ÉLIRE UN PRESIDENT AU SUFFRAGE UNIVERSEL ??

       vu notre configuration géographique très étendue , notre manque de liens de communication , nos nuances et intérêts économiques très diversifiés : POURQUOI NE PAS ÉTABLIR SOIT UN REGIME REGIONNALISTE SOUT UN REGIME FEDERAL ???...qui dynamiserait globalement le pays et de manière plus harmonieuse.
      Ex : l’Espagne ou l’Allemagne

       au 21* siècle ACCEPTER DE QUALIFIER
      ..........DE « TRIBU »
      L’APPARTENANCE RÉGIONALE EST UNE INSULTE !!!!!
      **** A ELIMINER DU VOCABULAIRE MALGACHE

  • 16 avril à 12:35 | angel35 (#11212)

    Article intéressant . Positif.
    « Où il faut oser dire que tout n’est pas bon dans la tradition » : c’est une évidence ! L’exemple emblématique est le famadihana. C’est une pratique qui entraîne la peste, et surtout qui glorifie bêtement ce qui reste du corps , au lieu de s’intéresser à l’âme des défunts terrestres. Ames qui sont bien vivantes dans les sphères célestes !

    • 16 avril à 12:46 | Vohitra (#7654) répond à angel35

      Le « famadihana » est non seulement une institution ancrée dans les us et coutumes locales mais reste de façon inviolable et inaltérable une pratique sociétale immuable et pourvue d’ancrage profond dans les mœurs...

      Même dans le prochain millénaire, le famadihana sera toujours pratiqué et respecté dans la majeure partie de la grande île

    • 16 avril à 13:31 | Rabeanosy (#11701) répond à angel35

      Ny famadiana dia fomba nolovana tamin’ireo razana avy any Indonezia sy Malezia.
      Tany amin’ireo toerana ireo dia fomban-drazana ny milevina any an-Tanin’ny Razana.
      Koa raha nandeha niankandrefan-doha ry zareo dia tojo tety Madagasikara.
      Tamin’ny fiampitany ny ranomasimbe anefa dia misy ny maty, ary torak’izany rehefa tojo ny tany ry zareo.
      Koa satria tsy maintsy HALEVINA any an-Tanin’ny Razana ireo nody mandry dia iny nofonosina iny ary nosoloina ilay fonosana satria nihevitra ny mbola hiverina any Indonezia na any Malezia ry zareo.
      Kanjo moa dia raiki-ponenana teto, valo, folo, dimapolo votaka ...
      Izany anefa tsy nanafoana ilay fomba fa notazonina hatrany.
      Diso izany ny filazana fa hoe fangataham-pitahiana ny famadiana. Tadidio fa tany amin’ireo niavian’ny malagasy dia tsy nalevina TANTERAKA ny razana raha tsy afaka IRAY TAONA MANINDRITRA.
      Ireny fomba ireny no mifangaro dia izao iainan-tsika taranaka izao ary averina fa tsy misy hifandraisany amin’ny resaka fivavahana io fomba io.
      Am-bava homana, am-po mandinika.

      Nofoanan’i MT ny kaontiko rehefa tsy nampiasaina elaela ka dia niova solon’anarana aho.
      Fantatry ny namana aman-tsakaiza hoe iza ity manoratra, samia ho lava velona tompoko.

    • 16 avril à 16:50 | bekily (#9403) répond à angel35

      Pourquoi entraîner la peste ???

      1) la peste prend source surtout dans la SALETE et le vecteur fréquent est le rat.

      2) on ne fait jamais le FAMADIANA n’importe comment :
      * uniquement en hiver ( transmission atténuée des microbes )
      * après un enterrement , les familles sont obligées de RESPECTER UN DELAI SANITAIRE de ne pas ouvrir le tombeau...

      A mon avis ce sont les conditions d’hygiene bien souvent douteuses lors des CIRCONCISIONS A DOMICILE qui devraient poser question...

      Et en plus nos ancêtres sont peut été bien contents de prendre l’air et participer à a la fête ?

      Néanmoins
      dans les milieux non privilégiés
      le FAMADIANA EST UN DRAME ECONOMIQUE !
      Parfois un an de salaire sacrifié au détriment de la nourriture familiale !

    • 16 avril à 16:55 | bekily (#9403) répond à angel35

      Ajoutant
      Que le FAMADIANA
      est le must du culte des ancêtres.

      Maninona misy H ny famadihana ?
      Satria hamadika ve ?

    • 16 avril à 17:26 | Isambilo (#4541) répond à angel35

      Sthapatya Veda,
      Je ne connais pas ce concept qui doit être très important, et je vais tenter de le connaître.
      Le famadihana est ce qu’on appelle la seconde partie des funérailles, second burial en anglais. C’est ce que j’appelle famadihana ho razana. Raison Jourde a donné la meilleure traduction : « mutation au rang d’ancêtre. » Je pense qu’on peut le relier à la notion de « pureté, proprété » de l’hindouisme : le squelette doit être propre, pur pour que l’âme se rattache à nouveau au taolambalo. Par contre, nous n’avons pas gardé le concept de samsara.
      J’ai trouvé la définitioàn de « balo » grâce à Denys Lombard et ses collègues qui ont traduit le texte de Houtman. Balo ne dérive pas de valo (huit) mais signifie « veuf ». Taolambo signifie donc « le squelette abandonné par l’âme » parce que l’neveloppe charnelle se crorrompt et devient sale.
      C’est pour cela qu’on sort les restes du décédé pour nettoyer le squelette avant de le mettre à côté des squellettes des anciens. Le squellette devenu propre devient ainsi un razana.
      Les secondes funérialles ont été décrites pour la première fois en 1613-1674 par le jesuite Mariano quand il longeait la côte Ouest. Il faut lire Noiret (Razafintsalama) pour connaître les différentes méthodes utilisées pour purifier le squellette.
      Les funérailles en deux temps ont existé à l’île de Pâques (les Moaï). Elles continuent à se célébrer chez les Bugis, etc.
      Les Andriana ne procèdent pas au famadihana ho razana parce que le corps du défunt est purifié avant d’être mis au temps. Ny andriana dia tsy mandry aman-tay. J’ai constaté qu’il existe encore aujourd’hui des personnes qui savent comment débarrasser le corps du défunt de tout ce qui peut se corrompre à la mort. Mais il y a un silence incroyable sur ce sujet.
      Je m’étale mais c’est la première fois qu’un participant au forum soulève ce sujet qui fait partie de ce qu’est le Malgache.

  • 16 avril à 14:53 | angel35 (#11212)

    Les qualités du coeur sont constantes dans l’humanité entière.
    Une indication : brûler le corps après le décès ( incinération ) est le meilleur moyen de faire partir l’âme dans les sphères célestes, et d’éviter que celle ci reste rôder dans les parages ( maisons hantées ... ).
    En Inde hindouiste ( védique ) les corps sont incinérés après le décès depuis des millénaires. En occident, il y a de plus en plus d’incinérations des corps, pour d’autres raisons ( manque de places dans les cimetières, familles qui se déplacent, et veulent pouvoir garder une urne contenant les cendres...., et c’est une très bonne chose).
    Maintenant, quant à penser que rien n’évoluera à Madagascar, c’est vrai que la pesanteur est très lourde ( euphémisme ), mais d’une part, à un certain moment, trop de négativité devient insupportable, et d’autre part, à l’échelle terrestre, une révolution spirituelle est déjà en germe.

    • 16 avril à 17:09 | bekily (#9403) répond à angel35

      Incinérer est hygiénique
      Mais aussi energivore....
      De nature économique en Europe
      De nature religieuse chez les indous.

      Le plus ecologique est de laisser les aigles déchiqueter le cadavre...comme au Thibet....permettre à la nature de réaliser son cycle ...
      Mais il n’y a pas d’aigles , ni d’espace partout...

      La négativite et la lourdeur des mœurs
      sont des notions relatives.

      Ainsi,
      tant que faire se peut,
      respecter une tradition est une option prise en toute liberté.

    • 16 avril à 19:08 | Base to top (#11732) répond à angel35

      Pour proposer une incinération de corps à Madagascar, il faut ne rien comprendre à la culture et la croyance des Malagasy. Il faut avoir vécu loin des vrais malagasy - qui ont des rapports très proches avec leurs parents disparus, pour ne pas dire un attachement inconditionnel - pour proposer cela.

      Chez les Malagasy, les 18 ethnies confondues, les aïeux décédés, ou ancêtres, continuent à interférer avec les vivants tout au long des étapes de la vie. Et pour un malagasy, le corps du défunt continue à être le demeure de son esprit.

      De ce fait, brûler un corps est assimilé à une deuxième mort et à une mort définitive, cette fois de l’âme, de la personne disparue. Il est alors inconcevable, inimaginable et inadmissible pour un malagasy de brûler les corps.

      Même si dans les autres contrées cela se fait, preuve que tout n’est pas transposable à Madagascar, peu importe les avantages indéniables (sanitaire ou économique ou spatial). La dimension philosophique, spirituelle et culturelle revêt très souvent un caractère primordial. Et tout dirigeant doit comprendre et respecter cela pour gouverner en sagesse.

  • 16 avril à 15:30 | Ranja Randria (#7243)

    Texte fondamental , à lire, à relire, à traduire et à partager.
    Merci Monsieur !

  • 16 avril à 16:48 | rakotobe (#7825)

    Nous n’avons toujours pas fait notre « aggiornamento » car avions manqué les rendez-vous avec 2 périodes de notre histoire.
    Celles de 1972 et de 1991, essentielles de mon point de vue.
    L’immense richesse de notre spécifique histoire avant la période coloniale ne devrait plus faire Débat. Et je ne m’étendrai pas non plus sur la grandeur de notre culture ( notre art oratoire promu au patrimoine immatériel mondial est évocateur) et les valeurs communes fondatrices de notre« vivre ensemble » Ny Fiaraha- monina.
    Là ou le bat blesse : est la trajectoire empruntée par notre patrie en matière d’organisation économique et sociale .
    Force est de constater que c’est souvent et toujours le sujet de la misère sociale qui nous amène à nous questionner sur notre identité.
    Si l"objectif de l’histoire est avant tout de rechercher la vérité sur le passé, regardons ce passé sans aucune complaisance ou compromission, permises dans les Républiques.
    Notre grand souverain Andrianampoinimerina ( sujet du jour) déclarait en son temps « Izaho sy ny vary iray ihany »
    Une charge symbolique très puissante.

  • 17 avril à 16:42 | Turping (#1235)

    La nation n’est pas un fait mais une idée ...........
    L’idée de nation repose donc sur le double fondement d’un droit de la nationalité et une perception de l’identité nationale .
     Etymologiquement ,cette idée est fondée sur la naissance :natio en latin vient du verbe « naître » et désigne ceux qui sont nés d’une même souche ,qui partagent une même naissance. Mais le sens moderne de la nation ,loin de concerner quelques individus et de tribus géographiquement réduites ,s’est écarté de cette notion purement ethnique.
     On peut en effet définir les nations modernes comme de vastes communautés humaines regroupées par un sentiment de commune appartenance politiques et de valeurs au sens larges du terme .
     J’aborde sur cette dernière aspérité de valeurs communes pour les intérêts communs tout en sachant que depuis le temps d’antan nous avons eu des rois et des reines avec les 18 races ethniques (côtiers ,merina ,métisses ,etc....) ,au fil du temps les valeurs ancestrales bâties su r la notion du « fihavanana » a été foulée au pied .Même le tombeau des ancêtres sont profanés pour voler leur ossement et les objets qui les accompagnent . Moralité associée à une pauvreté commune car les dirigeants qui mènent successivement une politique destructrice des valeurs qui devraient communes ne sont pas à la hauteur de sauvegarder les valeurs ancestrales surtout depuis 2009 quand Radomelina accéda au pouvoir .
    Résumé ; Pour abréger ,il ne faut pas une politique qui divise « diviser pour mieux régner » en tirant sur soi la couverture mais plutôt un lien de tissu social ,de solidarité et de valeurs humaines .C’est à partir de là ,qu’on peut bâtir une construction de l’idée de nation ....nation malagasy selon ses valeurs . La vraie problématique que rencontre la population gasy c’est d’être dirigé par des voyous ,des personnes peu scrupuleuses qui ne pensent que s’enrichir rapidement par tous les moyens même en voyants des personnes qui cherchent à manger dans les poubelles .Les uns montent contre les autres en utilisant la religion comme moyenne échappatoire pourtant le vrai seigneur Dieu tout puissant au nom de Jésus Christ n’aime pas cela depuis Sodome et Gommorhe .
    Masina ny Tanindrazana !

    • 17 avril à 16:46 | Turping (#1235) répond à Turping

      Correctif : Des valeurs qui devraient être communes ............ en voyant .

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