
« Nous avons besoin de nous réconcilier entre nous », dixit le général Rakotomanga Mijoro lors d’une interview qu’il nous a accordée à son domicile hier. Ce général en retraite se dit favorable à la notion de vérité et réconciliation. Pour cela, il a fait référence à l’expérience de l’Afrique du Sud.
• Madagascar Tribune : Que pensez-vous de la vérité et réconciliation ?
– Gl Rakotomanga Mijoro : « Pour vous répondre, je ferais référence à l’histoire contemporaine. Le premier pays qui a réussi en matière de vérité et réconciliation est l’Afrique du Sud. Le Togo a aussi fait une tentative, tout comme le Kenya. Pour le cas de Madagascar, je pense surtout aux Malgaches qui se sont expatriés volontairement en France après la crise de 2002. Nous ne pouvons pas fermer les yeux face à notre histoire. Il faut réconcilier les Malgaches pour éviter tout esprit de vengeance ou de tentative de coup d’Etat. Un jour ou l’autre, les exilés de Paris vont revenir à Madagascar, d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas qu’ils reviennent ici pour se venger. Pour cela, la réconciliation est nécessaire ».
• Donc, vous êtes d’accord avec l’opposition ?
– « Non, il n’est plus question de Transition. C’est un propos dépassé. Il ne s’agit pas non plus d’une amnistie générale. Il faut simplement que les protagonistes de la crise de 2002 se disent leurs quatre vérités en face. Les concessions réciproques sont la garantie d’une paix durable ».
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– Les Commissions de la vérité et de la réconciliation (CVR) sont des juridictions mises en place après des périodes de dictature ou de répression ; elles œuvrent dans un esprit de réconciliation nationale. Concrètement, les victimes sont invitées à s’exprimer devant un forum afin de leur permettre de retrouver la dignité. Quant aux auteurs d’exactions, ils sont appelés à avouer leurs forfaits et à se repentir devant les victimes ou familles concernées. Les Commissions vérité et réconciliation ont été mises en place dans de nombreux pays, plus de 25, à commencer en Afrique du Sud, mais également dans les anciennes dictatures d’Amérique latine, et plus récemment au Timor Oriental.
Propos recueillis par Manjaka Hery