Les grands électeurs de la Région Itasy ont été vigoureusement coachés avant le jour de l’élection dimanche dernier. Jeudi 17 avril très tôt le matin, ils ont été « cornaqués » par le chef de Région, par les chefs de district, par le candidat du parti au pouvoir ainsi que par le député et ses deux assistants, d’Antananarivo à Vatomandry. Présentée comme des « vacances », cette « mise au vert » de deux jours dans l’Est allait les lessiver. Dès leur arrivée à Vatomandry vers le début de soirée, c’est-à-dire à plus de 400 km de leur région d’origine, toutes ces « autorités administratives » ainsi que la ministre-coach leur ont donné « une leçon de morale et surtout des menaces ». « Ils nous ont dit au cours d’une séance de lavage de cerveau que si nous ne votons pas pour le candidat du TIM, nous ne bénéficierons plus de protection en cas de descente du Bianco ou de l’inspection Générale de l’Etat », témoignent des maires de l’Itasy outrés. « Cette première journée a été volontairement étirée jusque tard dans la nuit et nous n’avons pu regagner nos chambres que vers une heure du matin », se rappellent ces grands électeurs.
- Trois secondes
« Le jour suivant, le vendredi 18, ils nous ont conduit à Mahanoro très tôt le matin. Dès notre arrivée, ils nous ont encore assené des discours menaçants. Nous nous rappelons très bien des propos du chef de district. Il affirme avoir bien étudié le comportement électoral de ses administrés. C’est pourquoi, il a osé dire qu’il saura lesquels de nous ne donneront pas leurs voix au candidat du TIM », se souviennent-ils. Et de poursuivre que « ce jour-là, nous avons pris le déjeuner seulement à 16 h ». La nuit du vendredi a été aussi longue puisque ces grands électeurs de l’Itasy ont été conviés « à une soirée dansante ». « C’est seulement à 2 h du matin que nous sommes allé nous coucher », cauchemardent des maires des communes rurales d’Itasy. Pourtant, ils devaient se lever très tôt afin de regagner la capitale dans la soirée. Arrivés à Antananarivo vers 20 h, à bord d’un bus sans aucun confort, ils ont été conduits d’abord à Ampitatafika. Comme plus aucun hôtel n’était ouvert à cette heure-ci dans cette localité, les « convoyeurs » ont invité les maires à prendre le dîner au « Look’s » (gargote) de Behoririka. Puis, ils les ont parqués dans un hôtel de la périphérie vers 23 h avec pour « ordre de se lever à 5 h du matin le dimanche 20 avril ». La protestation des maires ruraux les a obligés de reculer l’heure du lever à 7 h. Puis chacun est rentré dans sa commune ce dimanche matin, avec comme instruction de passer trois secondes dans l’isoloir ». Epuisés par près de 2 000 km de route, trois jours de voyage éreintant, de manque de sommeil et de faim, 34 sur 56 grands électeurs ont voté la peur au ventre pour le candidat du TIM.
Recueilli par R. C.