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Politique

Razafimahefa Herimanana du Grad-Iloafo

« Vers une élection sans électeurs »

jeudi 28 février 2008 |  861 visites 
Herimanana Razafimahefa,Vice-président national du parti Grad-Iloafo.

Vice-président national du parti Grad-Iloafo, Razafimahefa Herimanana se trouve parmi les politiques qui ne mâchent pas leurs mots pour interpeller ce régime qu’ils avaient fondé en 2002. Pour lui, le risque d’une élection sans électeurs est réel cette fois-ci. (Interview)

MT : Le peuple malgache élira les membres du conseil régional dans 17 jours. Avez-vous quelques chose à dire sur cette élection ?

- Razafimahefa Herimanana : « Pour les prochaines élections régionales, le risque d’une élection sans électeurs est réel. Cela va constituer un recul de la démocratie électorale au lieu de consolider la démocratie en général. La variable explicative sur le plan interne serait le sentiment d’inutilité des électeurs qui peut gagner les citoyens. Ces derniers risquent de se désengager de la politique ou d’en faire par d’autres moyens. Sur le plan externe, cela pourrait ternir l’image de notre pays où l’avancée démocratique constitue la première condition d’octroi d’aides par les bailleurs ».

• En tant que dirigeant politique, avez-vous des solutions à proposer ?

 « Le comportement des acteurs sociaux et des dirigeants est à l’origine du déclin de l’importance des élections. En premier lieu, la division de l’opposition aggravée par une volonté de boycotter activement ou passivement les élections ne pourrait que favoriser l’abstentionnisme. Pire, ce boycott est relayé par certains chefs religieux. Quant à l’Etat, les suspicions de manipulation des résultats électoraux n’arrangent pas les choses. En second lieu, le désaveu de la classe politique engendré par l’éclosion d’une culture anti-politique favorisée par certains membres de la société civile, certains chefs d’église et certains membres du pouvoir n’arrangent pas la situation. A quelques semaines des élections régionales et sénatoriales, il n’y a pas de solution miracle, mais tout un chacun devrait revoir son comportement ».

Outre ces élections, quels seraient d’après vous les problèmes politiques de l’instant ?

 « Les problèmes politiques majeurs auxquels on devrait trouver une solution urgente concernent la recrudescence de la violence urbaine et le risque du recul de la démocratie électorale ».

Vous faites référence aux récents événements de Diégo ?

 « Effectivement les dernières manifestations violentes dans les rues de Diégo ne constituent pas un problème isolé, mais peuvent se reproduire dans toutes les grandes villes du pays où le mal vivre des jeunes constitue un phénomène généralisé. La délinquance, la drogue, le banditisme, la prostitution... ne sont que des manifestations extérieures d’un problème plus profond : celui de la marginalisation grandissante de la jeunesse ».

Pensez-vous qu’il y a des mesures urgentes à prendre ?

 « Les problèmes de violence et de délinquance que nous avions évoqués ci-dessus sont les conséquences de la paupérisation généralisée, l’exode rural, le chômage, le manque de formation et d’encadrement des jeunes qui, délaissés, sont obligés d’imaginer des stratégies de survie. Ces problèmes revêtent un aspect multidimensionnel, mais l’origine profonde serait sûrement le recul, voire la dégradation de l’Etat providence. Pour progresser dans la recherche d’une solution pérenne, la répression ne suffit pas. Il faut revoir d’une manière globale et cohérente la politique sociale de l’Etat car nous subissons actuellement les effets pervers de l’ultra-libéralisme ».

Propos recueillis par Rajaofera Eugène