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jeudi 28 mars 2024
Antananarivo | 10h27
 

Editorial

Espace public et Constitution

vendredi 23 avril 2010 | Sahondra Rabenarivo

Nous avons le plaisir de vous proposer aujourd’hui les réflexions de Sahondra Rabenarivo, brillante juriste déjà auteur en mars dernier d’un Guide du Citoyen Malagasy.

Il arrive, de temps à autre, qu’on m’accuse d’élitisme, d’être bourgeoise, snob, urbaine, ou (la pire insulte) « pas vraiment malgache », mais je passe. Ce que je peux avouer sans équivoque c’est que je n’ai jamais vécu dans une case de bidonville ni connu une habitation (autre que celle de mon grand-père paternel pendant mon enfance) sans infrastructures modernes. Mais j’ai récemment pu entrevoir la réalité de l’existence de certains : un habitat de 6 m2, sans fenêtres et la terre battue comme plancher, avec un minimum de possessions matérielles (une casserole, quelques vaisselles…). Dehors, à 30 cm de la portière, le « canal » d’évacuation des eaux sales, que j’imagine en saison des pluies, déborder facilement dans le hameau.

Ceci en plein Tana, mais loin des yeux des véhiculés, au centre du sorte de rectangle que fait la somptueuse Ambassade d’Afrique du Sud, le Tana Waterfront, l’usine Diana et le Jesosy Mamonjy.

Ma première réaction, je l’avoue, après le choc, était une impression d’étouffement par la proximité des voisins : il n’y avait pas ici d’espace personnel ou privé. Tout était visible et audible ; rien sûrement ne passait inaperçu ou inentendu. Alors disais-je, comment passer jugement s’il n’existe, pour la vaste majorité, pas de conception de l’espace privé et de l’espace public. Car ici, la case n’était que pour dormir ou s’abriter des orages, tout le reste de la vie s’organisait dehors, sur la « place publique » : toilette, vaisselle, cuisine, lessive, distraction, occupation. Ne ferais-je pas la même chose à leur place : sécher mon linge sur les digues publiques, me servir du mantalia du jardin public pour réchauffer mon repas ou réparer ma charrette, pêcher dans le marais public…

C’est gênant pour la « bourgeoise » de se rendre compte de cette différence d’attitude envers la chose que nous partageons tous : le domaine public : routes, parcs, places, jardins, digues, trottoirs, canaux, gares, aires protégées, terres domaniaux, les ondes et l’air (panneaux)... La perception « parasite » des occupants « illégaux » de la place publique est peut-être celle d’une élite qui souhaite appliquer des règles « occidentales » de l’organisation sociale à un contexte complètement différent. Etaler ses tomates sur 50 cm2 de toile sur les Champs Elysées est inconcevable, tout comme emmener son zébu brouter l’herbe du Jardin du Luxembourg, ou sécher son linge sur une statue Rodin ou son riz sur les quais de Paris, tout comme on ne peut imaginer un piquenique sur le boulevard périphérique… Oui, je suis juriste, la première à toujours prôner la légalité, mais je suis aussi humaniste et je ne peux blâmer ce comportemment si étroitement lié à la survie et au manque d’alternatives. Ce qui me heurte plus c’est l’obtention d’un permis de construire pour une « monstrosité center » sans y avoir prévu des places de stationnement suffisantes pour la clientèle, ou la construction d’une hyper-clôture sans prévoir un trottoir pour les passants.

Où est-ce que je veux en venir ? Deux points constitutionnels, bien sûr, étant donné que c’est mon sujet fétiche. Car la Constitution a deux grandes rubriques : la déclaration des droits et des libertés individuelles, d’une part ; et l’organisation des pouvoirs publics d’autre part.

Le premier point est un peu plus nébuleux, étant plutôt philosophique. Nous avons d’ailleurs déjà tous les droits dans notre constitution, qui étant copiée des français, assure la liberté de réclamer les prestations diverses du « socialisme individualiste » de l’État-Providence (droit au travail (art. 27), droit à l’action syndicale (art 31), droit de grève (art 33) pour ne citer que quelques exemples de notre constitution actuelle…. ) mais en avons-nous les moyens ou encore plus le désir et la volonté ? Ce qui semble manquer c’est un pacte social sur les lignes directrices de notre société, les règles du « fiaraha-monina ». Dans un pays si pauvre, quel est notre attitude en termes de liberté et de d’égalité (des chances, juridique, des conditions d’existence, d’autodétermination…). La liberté est souvent définie comme pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui . Comment ceci se traduit pour l’espace public peut donc être sujet à débat selon son point de vue (fomba fijery). En bref, quelle vision de la vie en société avons-nous ? Quelles règles de base allons nous jeter dans les drafts de la Constitution : et quel sera le rapport entre ces règles et le droit de rassemblement au jardin d’Ambohijatovo ou devant l’Hôtel de Ville ; le droit d’occuper ou de faire ne pas occuper le trottoir ; la notion de patrimoine ; le droit d’accès à la terre et à la nationalité ; pour ne pas parler des droits les plus primaires et individuels : à l’eau potable, à un domicile fixe, à la dignité…. Certes, nous sommes d’accord, que les différents problèmes des centres urbains comme des milieux ruraux nécessiteront des investissements massifs en infrastructure, mais imaginons que nous les ayons ces moyens financiers : que ferions-nous ? Quelles sont nos priorités ? Au lieu de galeries souterraines, par exemple, un nouveau 67 ha devrait être prioritaire, mais qui décidera et sur la base de quoi ? de quelles valeurs ? de quelles priorités ?

Inutile de vous dire le danger, bien sûr de ce genre de dialogue, car beaucoup essayeront de forger une idée de l’identité nationale, de la nation, sur la base de « l’histoire », de la « malgachitude », du « passé ». Moi, je préconise un regard vers l’avant (quelque chose qui semble être véritablement « pas malgache ») au lieu de laisser le « destin » prédeterminer et orienter notre vie, essayer plutôt de regarder vers le futur, imaginer la société que nous pourrions construire ensemble, mettre cette feuille de route dans notre Constitution et forger l’avenir.

Le deuxième point est plus technique mais pas moins difficile, et c’est la question de décentralisation. Avec l’urbanisation croissante et l’explosion démographique d’une part, et la centralisation des décisions comme des financements d’autre part, il est temps de parler sérieusement de la séparation des pouvoirs et la distribution des responsabilités pour l’aménagement de notre territoire. Je ne préconise pas une décentralisation immédiate ou totale (c’est-à-dire fédéraliste) mais d’un partenariat institutionnalisé entre les différents pôles du pouvoir exécutif. Ainsi, du fokontany à la mairie à l’intercommunauté à la région à l’État Central, il y aurait partage des décisions et de la mise en œuvre des projets, avec peut-être des normes nationales incontournables (largeur de la route, par exemple). Mais ceci ne sera pas possible tant que notre Constitution ne requiert pas une décentralisation budgétaire, avec pour commencer, par exemple, une réserve sans équivoque d’un pourcentage du budget national pour les collectivités décentralisées. De même, l’élection directe à certains postes (chefs fokontany, maires, chefs de région) et jamais une nomination par l’État central, avec plutôt des mécanismes clairs de la succession en cas de vacance. À chacun par la suite de convaincre les électeurs locaux de ses projets de développement de la citadelle ou de la région… Il faut déconcentrer et dépersonnaliser le pouvoir et c’est dans la Constitution qu’il faut le faire.

Sahondra Rabenarivo

32 commentaires

Vos commentaires

  • 23 avril 2010 à 10:33 | Rainivoanjo (#1030)

    C’est bien de parler de constitution ou droit ou autre chose de ce genre, mais l’urgence est déjà de savoir combien de Tananariviens n’ont même pas de wc, je ne parle même pas de wc dignes de ce nom ? Combien de Tananariviens n’ont même pas d’eau courante chez eux -car les fontaines publiques existent encore à Tananarive, etc, etc. Pire, combien de malgaches n’ont même pas d’acte de naissance, même nés à l’HJRA ? Car en dehors de l’éducation de la population pour ne pas faire ses besoins au bord de la plage ou dans la rue, le vrai responsable c’est l’incurie de tous les gouvernements successifs jusqu’à maintenant pour des domaines de base d’un pays !

  • 23 avril 2010 à 10:38 | Obamaské (#3732)

    Je suis toujours parmi les premiers à me féliciter que de nouveaux visages et de nouveaux talents apparaissent dans le paysage local pour apporter des idées nouvelles et de nouvelles conceptions de la politique afin qu’on puisse enfin se débarrasser de l’archaïsme des vieux dinosaures qui n’ont visiblement pas encore l’intention de rentrer vivants dans nos musées et admettre (avouer) enfin leur inutilité pour le pays. Hélas ici dans le texte qu’on a sous les yeux, on a bien un nouveau visage, une nouvelle tête, mais pas d’idée nouvelle, plutôt une sorte de rafistolage de vieilles recettes obtenue en faisant un mélange assez maladroit de quelques notions juridiques ou politiques sans aucune réelle vision générale ni sur la nature du régime politique que l’auteure entend mettre en oeuvre ni sur la véritable ligne stratégique des orientations socio-économiques envisagées. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant à cela lorsqu’on apprend dès les premières lignes de son texte la posture sociale affichée par l’auteure pour expliquer sa propre vision de la réalité sociale dans le pays. Elle avoue ne pas la comprendre cette réalité même, visiblement très éloignée de son milieu à elle qu’elle qualifie elle-même de ...« bourgeois ». « C’est gênant pour la bourgeoise de se rendre compte... » Passons...

    Difficile alors pour elle de comprendre les règles d’établissement des permis de construire dans ce pays où on ne prévoit même pas des aires de stationnement aux alentours près de la construction. On se demande pour garer quels véhicules. Sait-elle au moins combien de Malgaches possèdent une voiture ? Je ne sais pas si elle comprend que même en France l’octroi des permis de construire peut parfois donner lieu à des incongruités juridiques incompréhensibles dès lors que le maire qui en a le pouvoir se trouve parfois soumis à des pressions locales et des enjeux électoraux comme l’a démontré le récent cas des zones inondables avec la tempête Xynthia.

    Ensuite notre apprentie juriste, constitutionnaliste de surcroît (la Constitution est « son sujet fétiche »), nous donne sa conception de l’organisation décentralisée des pouvoirs. Elle définit ainsi la décentralisation comme « un partenariat institutionnalisé entre les différents pôles du pouvoir exécutif » sans comprendre apparemment que la décentralisation implique nécessairement des autorités administratives élues et indépendantes au niveau local. En aucun cas, il ne doit s’agir de pôles du pouvoir exécutif. Et il ne s’agit pas non plus de « partage de décisions » mais d’une véritable répartition des compétences entre le niveau central (l’Etat) et le niveau local (les collectivités locales). Cette répartition de compétences s’effectue à travers la garantie d’une autonomie fiscale et financière accordée aux collectivités locales et non pas « une décentralisation budgétaire » comme l’auteure l’entend (qui supposerait une subordination des autorités locales au pouvoir central du moins en matière financier).

    On est toujours un peu embarrassé face à ce genre d’initiatives qu’entreprend certain(e)s jeunes diplômé(e)s pour essayer de nous livrer des propositions mais au fond on ressent en même temps une sensation d’inabouti et d’inachevé dans leurs propositions mêmes qui pêchent avant tout par l’orgueil souvent malvenu de leurs auteurs délivrant le tout par exemple en n’excluant pas d’afficher d’emblée leurs origines pseudos-bourgeoises. Espérons toutefois que ma réaction ici à cet article puisse néanmoins servir d’implacable leçon de modestie, d’humilité et de clairvoyance à l’usage des générations futures.

    Je souhaite toutefois une illustre carrière à notre juriste du jour ainsi qu’à tous les autres à venir. Bon courage à vous tous.

    • 26 avril 2010 à 07:01 | el che (#344) répond à Obamaské

      Obamaské,
      Je crains que vous n’ayez compris que partiellement la réflexion de l’éditorialiste.
      En effet, elle met ici un double mécanisme : la décentralisation d’une part, et la déconcentration d’autre part.

      Concernant la décentralisation, les représentants locaux sont élus, et comme dit la juriste, devraient disposer de budget propres de fonctionnement prévus dans la constitution, avec des domaines de compétence ciblés

      Concernant la déconcentration des pouvoirs de l’état, nous aurions en face de chaque localité décentralisée un représentant de l’état, qui est bien évidemment sous tutelle de l’état.

      Cordialement.

  • 23 avril 2010 à 10:41 | philippe (#4053)

    Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un article aussi intéressant et plein de bon sens. « Il faut regarder devant », c’est certainement l’action la plus urgente que tous les malgaches devront impérativement faire, faute de quoi le pays s’enlisera encore plus.

    Pour avoir vécu en brousse plusieurs années, alors que j’arrivai de France avec un mode de vie tout à fait normal, je regardai vivre cette population dénuée de tous les moyens vitaux. Pas d’eau potable, peu ou pas d’électricité, pratiquement aucun accès aux soins et des moyens de circulation très difficiles.

    Je n’oublierai pas la quasi inexistance de moyens de communications, même si aujourd’hui les opérateurs de téléphone mobile ont fait des efforts pour les installations de relais, mais cela reste très cher pour les malgaches. Beaucoup d’entre-eux ont un portable mais j’entend souvent dire : « je n’ai pas de crédit ».

    Sans vouloir remuer les souvenirs de la colonisation, et en affirmant que la souveraineté de Madagascar doit-être préservée, des aides financières massives sont indispensables pour relancer toutes les activités économiques et sociales. Ce serait totalement utopique de penser le contraire, et surtout dénuer de bon sens.

    Je trouve normal que les journalistes critiquent ou saluent les initiatives des dirigeants politiques, je suis surpris de ne lire aucune proposition constructive pour sortir le pays de l’impasse. Il appartient aux malgaches, et à eux seuls, de décider de l’avenir de leur pays. Des élections devront avoir lieu le plus tôt possible afin qu’un président et un gouvernement puissent oeuvrer à la relance de Madagascar.

    A l’issue de cette (ou ces) élection, une normalisation avec les puissances étrangères devrait faire aboutir des accords de coopération. Développer et améliorer le réseau routier afin de désenclaver les villages de brousse, producteur de légumes et de fruits. Fertiliser les terres incultes afin de donner du travail aux paysans, contrôler plus sévèrement la « surpêche » à la crevette de sorte que les petits villages au bord de la mer ne disparaissent définitivement.

    Favoriser la création d’entreprises malgaches, gérées par des malgaches et ainsi accéder à la formation professionelle. Ceux ne sont que quelques exemples d’idées que j’ai à faire partager, mais encore une fois sachez que l’avenir appartient aux ambitieux.

    • 23 avril 2010 à 11:12 | Einstein (#3390) répond à philippe

      Bien sûr, « l’avenir appartient aux ambitieux » mais pas avec n’importe quelle ambition ! Pas avec des idées raccommodées, rassemblées en une sorte de fourre-tout idéologique comme on peut lire ci-dessus, en tout cas. Je suis désolé. Ce n’est pas quelqu’un qui vient avec ses préjugés bourgeois sur la réalité locale et avec des approximations juridiques ne comprenant rien à la véritable décentralisation ni ce qu’est une organisation rationnelle du pouvoir qui va apporter des idées neuves qui feront avancer le pays.

    • 23 avril 2010 à 11:30 | philippe (#4053) répond à Einstein

      Il est évident qu’avec vos idées et vos reflexions totalement déplacées, vous récoltez ce que vous semez, c’est à dire « RIEN » !

    • 23 avril 2010 à 11:53 | Einstein (#3390) répond à philippe

      Merci Philippe.

      Si vous saviez ce que je suis en train de récolter en ce moment...
      Pas de « surpêche » à la crevette en tout cas, désolé.

    • 23 avril 2010 à 12:48 | racynt (#1557) répond à philippe

      Phillipe, même si c’est vrai que la plupart du temps depuis le début de la crise , les journalistes de tribune n’ont de cesse de tailler des costards sur mesure pour les uns et de casser du sucre sur le dos des autres , leurs critiques ont toujours été constructives contrairement à ce que vous sous entendez .

    • 23 avril 2010 à 15:07 | philippe (#4053) répond à racynt

      Racynt, la liberté de la presse (écrite ou parlé) est certainement un des actes de la démocratie le plus important. Je salue toujours des journalistes qui, indépendamment des pouvoirs en place, décrivent avec clarté les événements de la vie quotidienne.

      Compte-tenu des circonstances actuelles, il serait bien venu qu’une nouvelle génération de malgaches prennent le relai des anciens. Vous avez des femmes et des hommes de valeur, je souhaite pour le pays qu’ils se déclarent le plus tôt possible afin de relever les défis qui les attendent.

      Pardon si je me suis fais mal comprendre, le métier de journaliste n’est pas toujours facile mais en toutes circonstances, un journaliste doit transmettre des informations justes et vérifiées, que cela plaise ou non aux personnes concernées.

    • 23 avril 2010 à 15:24 | philippe (#4053) répond à Einstein

      Pour avoir cotoyer tous les villages de pêcheurs de la baie de Narindra, j’ai vu vos concitoyens perdre de plus en plus d’espace au profit des chalutiers. Aucun respect des limites de capture, je me demandai parfois si ces navires n’avaient pas de roulettes, tellement ils étaient proche des plages. Cerise sur le gâteau, des milliers d’hectares de mangroves ont disparu au profit des bassins aquacoles, et qui exploite ces bassins ?

      Ce forum doit être un espace d’échange d’idées, pas un espace de règlements de comptes. Vous me qualifiez de bourgeois, j’ai vécu en brousse, dormi par terre sur une natte, partagé et participé aux repas des malgaches. J’ai vu une population pauvre et exploité, je souhaite qu’il en soit autrement pour le bien de tout le monde.

      J’ai également cotoyé des ministres, établi des rapports, je peux vous affirmer qu’il y a beaucoup de choses à faire.

    • 23 avril 2010 à 16:56 | Einstein (#3390) répond à philippe

      Oh Philippe, ce n’est pas de vous dont je parlais à propos de « bourgeois » mais de l’auteure du texte que vous avez l’air de bien apprécier. Veuillez m’excuser, j’aurais dû être plus précis. Toutefois, je n’arrive pas à comprendre votre emballement pour un texte qui n’a rien de bien exceptionnel au fond. Soit. Chacun peut se tromper.

  • 23 avril 2010 à 10:51 | Rafara (#3603)

    voila un très bel article qui emmène notre réflexion et notre regard vers un avenir meilleur avec des propositions concrètes.

    j’espère que çà fera changer de fusil d’épaule nos soi-disant politiciens « patriotes » assoiffés de centralisation de pouvoir et d’enrichissement personnel à vitesse V de tout bord, que çà fera réfléchir et encouragera les véritables associations de sociétés civiles pour défendre l’intérêt public, mais surtout que çà donnera plus de conviction et de motivation (autre que politico-salariale) à nos juristes qui élaboreront et confectionneront notre future constitution (un petit coup d’œil à la haute cour constitutionnelle, au CSM,...)

    félicitations à madame Sahondra Rabenarivo pour ce précieux article. Vivement le prochain !!! Merci.

  • 23 avril 2010 à 10:53 | Einstein (#3390)

    Merci vraiment à Tribune d’aujourd’hui nous proposer les « brillantes réflexions » d’une non moins « brillante » juriste déjà auteur donc d’un « Guide du Citoyen Malagasy »... J’espère tout simplement que le soi-disant Guide ne tombe dans n’importe quelles mains sinon je n’ose vraiment pas imaginer le probable niveau (lamentable) de citoyenneté de l’ensemble de la population à la suite de sa lecture.

  • 23 avril 2010 à 11:00 | vuze (#918)

    Bonjour,

    Très bon éditorial.

    100% d’accord avec vous concernant la décentralisation.

    En ce qui concerne l’injustice sociale, tant que Madagascar n’aura pas un état fort, des services administratifs de l’état (police, foncier, fiscal, douane, etc..) bien traités et bien rémunérés jusqu’à la base afin de faire diminuer les corruptions, nous n’avancerons pas. C’est utopique car tout un chacun veut gagner beaucoup et en peu de temps..

    Ce changement si espéré va-t-il enfin se produire ? Les plus riches vont-ils enfin partager un peu ?

    Cordialement.

    • 23 avril 2010 à 11:18 | Liberty (#3679) répond à vuze

      « 100% d’accord avec vous concernant la décentralisation »...

      Savez-vous au moins ce qu’est une « décentralisation » ?

    • 23 avril 2010 à 12:09 | vuze (#918) répond à Liberty

      Cela veut dire clairement : « Assez de la main-mise de Tananarive pour décider de ce qu’il faut faire dans les régions »...

      Madagascar est fait de régions très diverses à tout niveau. La nation doit primer bien sûr mais la vision locale doit être respectée.

      Liberty, au lieu de poser des questions, développez un peu plus. Etes-vous pour un état central et autoritaire ?

    • 23 avril 2010 à 12:48 | Liberty (#3679) répond à vuze

      Vous dites « assez de la main-mise de Tana... » ; je vois que vous confondez Tananarive et le pouvoir en place à Ambotsirohitra ou Iavoloha, ce qui serait une erreur d’analyse dans l’observation de l’équilibre des pouvoirs tel qu’on le connaît à Mada. En effet, il arrive parfaitement que le pouvoir d’Iavoloha soit bien moins favorable à Tananarive qu’envers les autres régions de l’Ile comme on a pu le voir notamment durant le bras de fer entre Marc Raval et TGV à la Mairie de Tana avant le coup d’Etat de 2009 (je sais que vous n’allez pas être d’accord).

      On ne saurait réduire la notion de décentralisation à un simple rééquilibrage des pouvoirs entre la capitale et les autres régions. Une véritable décentralisation dans un Etat démocratique implique une répartition équilibrée des compétences entre le pouvoir central représenté par le gouvernement et l’administration centrale, d’une part, et les collectivités décentralisées (élues et indépendantes du pouvoir central) d’autre part. La région capitale (Tananarive) est située au même rang juridique que les autres collectivités régionales. On voit bien cependant les limites que peut représenter une telle application d’une décentralisation effective dans un pays comme Madagascar où on constate encore de très fortes disparités économiques entre les différentes régions. Ainsi, une bonne décentralisation équilibrée ne saurait être réalisée dans ce pays sans un réel effort de péréquations entre les différentes régions en instaurant une sorte de solidarité territoriale entre elles. Cet effort de péréquation est du ressort même de l’Etat central qui cependant doit pour ce faire conserver une certaine tutelle sur les régions les moins dotées économiquement afin que l’équilibre et l’égalité entre les territoires puisse être maintenue et développée.

      Dans le texte écrit par la juriste ci-dessus, je ne vois aucun de ces éléments développés avec le minimum d’analyse et d’observation critique. L’auteure s’est juste contentée de nous livrer ce qu’elle semble avoir compris ou retenu de ce qu’on a pu lui apprendre en faculté, c’est-à-dire finalement pas grand chose que l’on ne connaît déjà pour peu qu’on a été en faculté de droit (public).

    • 23 avril 2010 à 14:25 | vuze (#918) répond à Liberty

      Je ne parle pas que de la décentralisation politique. Je vous rappelle que l’éditorialiste parle, quant à elle, de décentralisation budgétaire.

      Vous confondez décentralisation et assistanat. Pour que les élus locaux pensent plus à s’occuper de leurs régions qu’à leur compte en banque personnel, il faut une certaine compétitivité.

      C’est justement pour éviter une lutte de pouvoir (cas RA8 contre TGV avant la crise) que les régions doivent être autonomes. Vous n’apprenez à personne, bien évidemment, que certaines régions seront plus riches que d’autres !! Il s’agit de mettre en place un système juste qui permettent d’effacer ce genre d’inégalités. L’état doit intervenir dans certains cas bien étudiés.

      Sans vouloir vous vexer, vous exposez, d’une belle diatribe cela étant dit, des banalités évidentes...

      Pour moi, les régions devraient être quasi-totalement autonomes. Le fond et la forme sont à discuter.. Je ne suis pas spécialiste...

    • 23 avril 2010 à 16:35 | lalatiana (#1016) répond à vuze

      Est ce qu’on peut parler de décentralisation sans parler de la centralisation actuelle et de ses méfaits ? mais c’est un autre débat.

      Et doit on limiter la notion de décentralisation à une répartition des responsabilités entre Tana et Régions ? Comme on l’a fait entre Tana et Provinces (cf les universités).

      L’enjeu de la décentralisation n’est il pas une meilleure répartition des rôles prenant réellement en compte des principes de subsidiarité ...? quelles sont les prérogatives de l’Etat, quelles sont les prérogatives de la région, quelles sont les prérogatives de la Commune et du Fokontany ?

      Alors, Liberty et Rabila, parler de décentralisation sans évoquer es communes et les cellules sociales de base n’est pas moins réducteur que ce que vous reprochez à Vuze... « savez vous ce que veut dire décentralisation » , disent ils ... tssss

      LOLL ... voila t y pas que je défend Vuze maintenant ... :-D

      Cdt, Vuze

    • 23 avril 2010 à 16:54 | vuze (#918) répond à lalatiana

      Merci de me défendre Lalatiana :-)))

      C’est pour cela que j’ai dit que je n’étais pas spécialiste mais que je défendais uniquement une idée générale (quasi-autonomie des régions). Bientôt, la décentralisation va devenir difficile en France (suppression de la taxe professionnelle etc..), c’est donc un sujet très délicat...

      Petite parenthèse : Il est bien entendu que quand je disais « Tananarive », je parlais du pouvoir central et non de la commune... Voyons Liberty..tsssss

      Cordialement.

    • 23 avril 2010 à 23:31 | Rabila (#1379) répond à lalatiana

      j’ai bien vecu la mise en place de décentralisation à la malgache au temps de Ratsimandrava : Les fokonolona, les firaisaina. Je connaissais les théoriciens de la chose, qui ont d’ailleurs laissé des livres. Trente huit ans, plus tard, le fokonolona n’a aucune compéténce precise autre que faire le certificat de résidence, n’a aucun budget propre, ne léve pas d’impot et n’est pas propriétaire du foncier sur lequel il est établi. Le firaisaina n’est que la mairie d’arrondissement, léve les impots locaux et fonciers. Je ne sais pas si elle reçoit du financement de l’état central.

      En prenant, l’exemple du 5éme arondissement, firaisana d’Ambatomainty, ces 40 dernières années, elle est restée dans le même batiment étroit, le nombre de population a doublé. Je ne lui connais aucune réalisation. la refection des ruelles, la construction d’une bibliothéque, d’une école maternelle, d’une école primaire : non, non, et non.

      Parler de decentralisation, c’est aussi parler de moyens. Ce n’est pas uniquement fournir un poste honorifique à un politicien ou un ambitieux.

      Quant aux régions, elles ont héritées des batiments et des fonctionnaires des feux les provinces. Je me pose encore la question sur le budget, le nombre de fonctionnaires, les compétences de ces régions. Depuis leur existence, combien de km de route ont elles réalisé, combien de lycées et de collége ont été construits, combien de dispensaires et d’hopitaux, combien de nouvelles entreprises accueillies, combien de terre arable mise en valeur

      La réponse est toujours : rien, rien, rien, pas beaucoup, peu, ...

      La mairie d’Antananarivo a été brulée en 1972. La population d’Antananarivo ne paie pas assez d’impots pour pouvoir l’envisager. Il apparait que la compétence de la mairie n’est pas assez élevée.

      Une entité administrative doit faire coincider ses compétences avec son budget. Je crains que le poste budget ne soit rédhibitoire pour implanter des divisions et couches organisationnelles à toutes les étages.

    • 23 avril 2010 à 23:57 | Rabila (#1379) répond à Rabila

      je serai bien curieux de savoir à combien remonte le montant des emprunts que la commune d’Antananarivo a contracté auprès d’une banque.

      Même question pour le firaisaina d’Ambatomainty ?
      La région Atsinanana, la région Analamanga, la région Androy ?

      je ne risque pas grand chose si j’avance le chiffre zéro.

  • 23 avril 2010 à 11:48 | lalatiana (#1016)

    C’est écrit avec du coeur ...
    Et on ne vous reprochera pas quelques généralités malvenues ... Merci donc ...

    Sur le sujet de la décentralisation, on a peut être un exemple frappant de son enjeu à travers la réforme foncière (réussie ?)... Avoir impliqué l’ensemble des acteurs du niveau local au niveau national, en essayant de marier le coutumier à la règle d’Etat, et en finissant par déléguer au niveau local le pouvoir de gestion a été, me semble t il ( n’étant pas sur le terrain, je reste prudent ) une démarche de succès ...

    Donc décentralisation ... OUI !!!

    J’ai aimé le coup de coeur sur les droits fondamentaux ...

  • 23 avril 2010 à 12:32 | racynt (#1557)

    j’interviens uniquement sur ce beau projet de vouloir séparer l’espace public et l’espace privée que je trouve très ambitieux mais qui pourrait être réalisable si on arrive à anticiper à l’avance les conséquences que cela pourrait avoir (ex : le relogement de la population qui risquerait de voir leur habitation rasée ...) et y remédier avant même de commencer le projet.

  • 23 avril 2010 à 12:37 | Rabila (#1379)

    La decentralisation est un luxe pour les pays riches. Le budget de l’état malgache est grossomodo de 3 milliard d’euros.(2 milliards d’aide et 1 milliard d’impots).

    Il n’y a qu’à voir les résultats de la décentralisation des universités dans les années 80. Si elles fonctionnent plus ou moins mais leurs états sont pitoyables, immeubles, bibliothéques, corps enseigants, cité universitaire. Dans ce cas, il y aurait fallu une concentration qu’une décentralisation.

    Maintenant, si on ne considère que l’axe démographique. 12 millions de la population vivent deux régions (Antananarivo et Fianarantsoa), si on ajoute la région Atsinanana, on atteint les 15 millions. L’équité démographique attribuera les 3/4 du budget à ces régions.

    Quid des dettes de l’état, le remboursement de la dette doit se faire proportionnel ou par région. Les routes de Mahajanga et d’Antseranana seront à leur propre charge.

    La décentralisation est possible mais nécessite une taille critique de chaque région. Taille démographique ou richesse exceptionnelle (le petrole).

    • 23 avril 2010 à 12:56 | Liberty (#3679) répond à Rabila

      Voilà au moins quelqu’un qui sait de quoi on parle en matière de décentralisation.

      Merci Rabila.

    • 23 avril 2010 à 19:14 | lalatiana (#1016) répond à Liberty

      « quelqu’un qui sait de quoi on parle en matière de décentralisation », dites vous ...

      Voir mon post plus haut ...

  • 23 avril 2010 à 13:12 | Pragmatique (#4174)

    Bonjour,
    Je reconnais que l’article est très bien écrit par une intellectuelle de haut vol, genre (à ne pas prendre dans un sens péjoratif) qui ne manque pas à Madagascar.Les mots laissent d’ailleurs transparaître des qualités indéniables de rigueur et d’honnêteté intellectuelles. Ce qui me laisse transi d’étonnement, c’est le fait qu’une vraie malagasy ne découvre la réalité malagasy qu’à seulement ... ans. Combien de nos intellectuels et grands penseurs sont donc ainsi éloignés des réalités quotidiennes des 70% de malgaches vivant dans la pauvreté. « L’existence de certains », qualifiée par l’auteur est en fait l’existence de la majorité des Tananariviens et celle de plus de 90% des ménages ruraux.
    Je conçois qu’en tant que juriste, ses principales repères soient le respect des droits fondamentaux et les concepts de liberté et d’égalité. Etant moi-même magistrat, j’adhère aux aspirations et appréhensions de l’auteur. Le texte a le mérite de relancer l’intérêt sur des sujets plus qu’intéressants voire primordiaux pour les intellectuels que nous sommes.
    Mais, moi je voudrais surtout interpeller Mme Rabenarivo sur le rôle que peut jouer une juriste comme elle dans la situation actuelle de notre pays. Sommes nous limités seulement à jouer le rôle d’interpellateurs des décideurs ou pouvons nous aussi apporter notre part à la mise en place d’une vraie Constitution conforme aux valeurs malagasy, c’est-à-dire respectant les véritables fondamentaux de la vraie société malagasy.
    Sans vouloir verser dans un conservatisme exacerbé ou un folklorisme dépassé, le rôle des juristes, légilateurs et autre intellectuels est d’abord de connaître et comprendre l’environnement dans lequel vit la majorité de leurs concitoyens afin de mieux saisir les aspirations de ces derniers. Que signifient véritablement pour eux « droit à la dignité » ? La Constitution, elle-même est elle une notion importante pour eux ? Avons nous le droit en tant qu’intellectuels, juristes, analystes chevronnés du droit de rédiger une Constitution selon nos visions idéalistes ou saurons nous laisser le « peuple » exprimer ses aspirations ? De quelle façon réaliser cela direz-vous ?
    Je laisse le soin de répondre à des personnes mieux qualifiées que moi.
    A bientôt.

  • 23 avril 2010 à 14:58 | alain huck (#4176)

    Chère Madame,
    Vous êtes une brillante juriste.Celà vous fait donc un certain nombre d’années. Peu importe que l’on vous targue d’élitisme, d’être bourgeoise, snob, urbaine etc. En l’acceptant ou simplement en le mentionnant, vous ne faites que régler des comptes avec vous même,vous vous punissez car vous en ressentez le besoin. Ah, le vieux désir de rédemption qui en a torturé plus d’un. Payer une fois pour toutes pour la faute commise, tuer ce remord cruel, cacher peut être cette horrible cuiller d’argent que l’on planta dans votre bouche à la naissance, l’avaler carrément si possible. Mais quelle est votre faute ? Tomber par hasard sur ces bidonvilles, les avoir ignorés si longtemps. Vous les découvrez maintenant avec effroi alors que vous avez passé votre vie à côté. Vous les voyez si tard, vous voulez compatir, agir peut être et pas uniquement en paroles.
    Alors oui, agissez ! Appliquez y tout ce que d’autres y consacrent lorsqu’il s’agit de pêcher : de la pensée, de la parole et ... de l’action.
    Bonne route, bon vent.

  • 23 avril 2010 à 18:24 | azerty (#4179)

    Si on lit bien ce texte, l’auteur mentionne beaucoup de chose, réalité économique, souffrance du vrai peuple,
    ...mais le vrai plus de cet article est la CONSTITUTION.
    La base même du fondement de la loi est pourrie à madagascar, d’ou la nécessite d’avoir une constitution en béton
    armé.
    Madame Rabenarivo merci d’avoir prêté votre plume pour cet article. Alefa tohizo.

  • 23 avril 2010 à 20:15 | Basile RAMAHEFARISOA (#417)

    Article très,très intéressant !!

    Mérite une relecture appronfondie !!

    A+,

    Cordialement

    Je vous promets de revenir sur ce sujet très intéressant.

    Basile RAMAHEFARISOA

    b.ramahefarisoa@gmail.com

  • 23 avril 2010 à 20:32 | kaki (#2830)

    Une petite précision technique sur la définition de la décentralisation : c’est une technique d’organisation administrative donnant des compétences décisionnelles à des entités distinctes de l’Etat, et qui bénéficient de la personnalité morale et de l’autonomie de gestion. Elle se décline en décentralisation territoriale (ce dont on parle dans le sujet au bénéfice des 22 régions probablement avec un système de péréquation pour corriger les disparités dues notamment au déficit de population et donc de rentrée fiscale locale pour certaines)
    L’autre déclinaison est la décentralisation technique ou fonctionnelle au profit des établissements publics.
    Enfin, à destination de Lalatiana, le contraire de la décentralisation n’est pas la centralisation mais la concentration verticale ou horizontale depuis l’Etat central.

    La personne qui a écrit cet article est de bonne foi et il faut l’en remercier car elle suggère des solutions pour l’avenir du pays, indépendamment des détails techniques.

    Cependant, les constitutions bien rédigées restent des voeux pieux si la majorité de la population est au stade de survie.

    On parle bien de droits fondamentaux de première, deuxième génération voire de troisième génération, selon le niveau économique (hélas) ou le choix idéologique du pays analysé.

    A mon humble avis, l’organisation administrative ainsi que les lettres de la constitutions n’ont qu’une incidence infime sur le développement d’un pays.
    Le travail de chacun pour contribuer à la richesse nationale ne dépend pas de la décentralisation ou de la proclamation de droit opposable ou pas.
    La Chine qui reste très centralisée et contrôlée localement par les dirigeants du parti communiste, est dotée d’un taux de croissance à deux chiffres et constitue le relais mondial de la croissance, sans reconnaitre les droits ne serait-ce que de première génération à l’individu.

    Savoir si cette croissance est répartie équitablement entre la population est un autre débat.

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