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mercredi 6 août 2025
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5 août à 13:57 | Isandra (#7070)

On y est :

« Le dictat numérique : quand les réseaux sociaux défient la justice ».

Dans une époque où l’immédiateté est reine, où chaque événement se retrouve amplifié en quelques clics, un phénomène inquiétant gagne du terrain : le dictat numérique. Loin d’être anodin, ce glissement progressif où les réseaux sociaux cherchent à imposer leur tempo à l’action publique menace directement les fondements de l’État de droit.

L’affaire tragique survenue à Ambohimalaza, où plusieurs personnes ont perdu la vie lors d’une fête privée, en a été l’illustration brutale. À peine les faits révélés, la pression de l’opinion virtuelle s’est abattue sur les institutions, exigeant des réponses immédiates, des coupables désignés, des sanctions spectaculaires. Le secret de l’instruction a volé en éclats. L’indépendance de la justice a été bousculée. Et les enquêteurs ont dû avancer dans un climat saturé de rumeurs, de suspicions et d’attaques infondées.

Cette logique de précipitation, dictée par l’émotion collective et entretenue par des publications virales, fragilise les principes mêmes de la procédure judiciaire. La vérité judiciaire, qui demande rigueur et temps, est désormais sommée de s’aligner sur le rythme effréné des commentaires en ligne.

Le même schéma s’est reproduit dans l’affaire des cinq aéronefs. Instrumentalisation systématique, désinformation délibérée, stratégie d’intoxication numérique. L’objectif semble clair : affaiblir l’autorité de l’État, semer la confusion, et transformer chaque dossier en outil de déstabilisation politique.

Il est essentiel de rappeler que les réseaux sociaux, aussi puissants soient-ils, ne sauraient se substituer aux institutions. La République de Madagascar est fondée sur la séparation des pouvoirs. L’indépendance de l’autorité judiciaire, garantie par l’article 116 de la Constitution, est un pilier non négociable. Toute tentative d’influence sur le cours d’une enquête constitue une atteinte grave à l’État de droit.

Le secret de l’instruction, protégé par la loi, assure non seulement la sérénité des investigations mais aussi la présomption d’innocence et la protection des personnes impliquées. Ce n’est pas un obstacle à la vérité, mais une condition nécessaire pour qu’elle émerge dans le respect des droits humains.

Quant à la liberté d’expression, consacrée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, elle ne donne en aucun cas licence à manipuler l’opinion, à propager de fausses informations ou à troubler l’ordre public. La communication publique à Madagascar est encadrée par le Code de la communication, qui interdit expressément tout propos de nature à porter atteinte à la dignité des institutions ou à entraver le bon déroulement de la justice.

La justice ne peut être rendue sous pression des likes ou des hashtags. Instrumentaliser un drame humain à des fins partisanes est non seulement indigne, mais aussi contraire à toute éthique démocratique."

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